Patrice Lagisquet était désabusé après la défaite de Biarritz à Perpignan (25-6). L’entraîneur du BO regrette ce revers d’autant qu’il va quitter ses fonctions en club pendant quatre semaines pour se concentrer sur l’équipe de France où il est entraîneur des arrières.

Même si je n’aime pas proposer des solutions toutes faites car il est toujours très facile de conseiller et d’avoir la certitude de connaître « THE SOLUTION » d’une part, d’autre part, je ne connais pas assez la situation du BO pour poser un diagnostic et enfin, c’est toujours bien plus compliqué que toutes les théories qui les décrivent pour la simple et bonne raison qu’une théorie, par définition, est limitante.

Mais j’en profite tout de même pour vous proposer 3 étapes d’évolution collective sur lesquelles s’appuyer pour retrouver une motivation, moteur essentiel d’un mental de compétiteur.

Notre proposition pour retrouver ce mental va s’appuyer sur une démarche collective, puisqu’il s’agit là d’une équipe et donc d’un entraîneur qui va devoir se retrousser les manches pour réactiver la motivation de ses gaillards le plus rapidement possible, car il n’y aura pas de « REPLAY » indéfiniment.

Effectivement, d’un point de vue managérial, il existe d’abord la motivation extrinsèque.

La récompense ou la sanction qui s’avèrent être des leviers exclusivement à court terme mais irrévocablement efficaces puisqu’ils sont, à ce jour, les plus utilisés.

A ce propos, le sucre ou le bâton, sont des moteurs qui nous amènent à réagir à un stimuli strictement personnel qui oblige le manager à personnaliser ses interventions. Petit message pour les entraîneurs qui se défendent de ne pas avoir les ressources pour individualiser leur management ; messieurs, vous le faites déjà.

Mais revenons à notre capacité à réagir que nous sollicitons le plus souvent par des pics, des coups de bâtons là où ça fait mal… Le but est de susciter une réaction, très efficace à court terme, c’est à dire quelques minutes voir sur un match au mieux, mais qui a le désavantage de déconstruire la performance à long terme.

Dans la position du BO, ce qu’il faut viser, c’est obtenir une réaction, retrouver un mental de compétiteur avec un levier différent de la sanction ou le coup de bâton.

Et puis il y a la motivation intrinsèque, beaucoup plus durable, qui consiste à aller chercher le sens de ce que je fais (sur un terrain de rugby), qui me reconnecte à ma passion, qui m’amène à trouver des objectifs et à m’organiser pour les atteindre, le tout en me responsabilisant et en visant l’autonomie…

Ca fait rêver et je vais vous dévoiler les étapes :

1/ CONSOLIDER UNE IDENTITÉ

Se reconnecter à ses valeurs, à sa passion, à ce qui me motive dans cette équipe, à ce qui est important pour moi en tant qu’individu dans cet environnement.

Conscientiser ce qui nous porte et nous motive, sur ce que nous sommes et nos raisons d’être, procure une intense émotion de confiance qui génère des comportements adéquats et efficients pour regonfler à bloc nos certitudes.

Si l’identité n’est pas clairement définie, ce sera la confusion la plus totale et une impossibilité à trouver les ressorts d’un mental de compétiteur.

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2/ DÉFINIR UNE VISION

S’orienter vers un idéal, préciser clairement une direction motivante pour chacun, définir un projet commun où chacun safisfera ses aspirations et se sentira concerné.

Permettre à chaque joueur de partager ses ressentis et de s’exprimer sur ses véritables motivations et de définir le plus clairement possible cette vision partagée de tous afin qu’elle soit la plus unifiante possible.

Sans vision, c’est l’anarchie.

3/ ORGANISER DES ACTIONS

Des actions qui respectent l’identité et qui s’orientent vers la vision créée. Ca passe forcément par le traitement de ce qui ne va pas et qui s’inscrit dans des axes de progrès, qui sollicite de l’entraide et de la solidarité, du développement et de la créativité.

Quels moyens mettons-nous en oeuvre, comment nous organisons-nous pour répondre à notre volonté, dans quoi avons-nous besoin de progresser, sur quelles ressources devons-nous nous appuyer, qu’est ce que chaque coéquipier attend de son partenaire ?

Lorsqu’il y a de la désorganisation, la colère et le rejet sont présents.

En tant que dirigeant qui tend vers un management global, la sanction et la récompense sont des régulateurs qui s’intègrent à une vision beaucoup plus large de ce que nous sommes et jusqu’où nous voulons aller, et qui mérite d’être conscientisée.

En résumé, pour le BO, le moyen de retrouver un mental de compétiteur serait peut-être de redéfinir ce projet commun autour des valeurs du BO, en définissant une organisation basée sur des comportements à retrouver et une clarification des attentes mutuelles, tout en mobilisant les troupes sur la volonté de se sortir de cette situation avec un soupçon d’inconfort.

Ce qui m’amène à vous dire qu’il ne faut rien jeter mais plutôt superposer ces différentes facettes managériales afin de tendre vers une performance durable régulée au quotidien par des limites construites autour de feedback constructifs et de marques de considération.

 Yohann Duclos