« A Sydney, en 2000, j’ai été touché par la grâce, peut-être par la grâce de Dieu, béni des Dieux, sur un nuage, intouchable, réglé comme une feuille de papier à musique »Pascal Gentil, Le mental des champions, 2008, p.175.

ETRE DANS LES NUAGES, UNE SENSATION INCROYABLE POUR LES ATHLÈTES

Si pendant un temps, les sportifs ont hésité à nous raconter leur vécu de cet état de grâce * de peur de susciter notre scepticisme voire nos moqueries, la situation a aujourd’hui évolué. Il faut reconnaître que l’état mental n’est pas si facile à décrire compte tenu des sensations éprouvées. Certains avouent se sentir alors à la limite de l’étrange, côtoyant un sentiment indicible d’invincibilité… d’immortalité. Est-ce une si bonne idée de vouloir le partager ? Lorsque vous vous penchez sur l’étude de cet instant où les athlètes « sont dans les nuages », vous touchez un sujet hautement personnel, leur « vie secrète » (Andrew cooper,  Playing in the Zone – Exploring the spiritual dimension of tennis, 2008). Un secret n’ayant pas pour vocation d’être divulgué, chacun a pris son temps avant de se raconter. Aujourd’hui, le contexte a changé. Le désir fou d’identifier les paramètres du flow et de contrôler la zone, fait des scientifiques et des sportifs des alliés, pour une meilleure compréhension de cet état de conscience exceptionnel.

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LE FLOW : QU’EST CE QUE C’EST ? 

Les ouvrages de psychologie du sport et de préparation mentale consacrent, pour la plupart, une partie (quelques pages) sur la question du flow, cet état de fluidité tant recherché. Damien Lafont, y consacre quant à lui un ouvrage entier. Si ce sujet vous intéresse, cet écrit vous permettra d’y voir plus clair et d’y puiser de nouvelles lectures. Dans « Entrez dans la zone », l’auteur combine les études scientifiques sur le sujet, les témoignages d’athlètes, d’entraîneurs et de nombreux psychologues du sport, professeurs de psychologie, intervenants en psychologie du sport, neuroscientifiques… Damien Lafont nous explique que « la zone est en nous », il nous parle de neurosciences, de perceptions modifiées, du changement d’attention, d’une « vision en or », s’interroge sur les liens de la zone avec le zen, sur l’existence d’une recette, sur ce qui nous empêche de l’atteindre. Il cite également ceux qui ont eu le courage d’avancer l’hypothèse d’une plus grande chance de vivre la zone pour les individus qui aux techniques, ajoutent « l’âme et la passion », l’amour de ce qu’ils font. Damien Lafont conclut « Après toutes ces hypothèses sur cette insaisissable zone, une seule chose est donc sûre : si vous faites quelque chose que vous aimez au plus profond de vous, alors les chances de connaître ces expériences seront plus grandes ». (p.157)

Jonny Miller, champion de golf raconte : « Je pense que l’amour est le secret. Je pense que c’est l’amour qui vous porte dans la zone. Je le crois vraiment. Si vous aimez vraiment ce que vous faites et si vous voulez partager avec les gens qui vous entourent, si vous aimez le parcours, et si vous êtes juste impatient de jouer et de prendre du plaisir, alors je crois vraiment que vous pouvez jouer un grand golf ». (p.158)

Serait-ce là un argument supplémentaire pour accompagner nos athlètes de haut niveau sans reléguer aux oubliettes la notion de plaisir ?

* Les sportifs parlent de « d’expérience au sommet », « d’état idéal de performance », de « flow », de « zone, « d’être dans leur monde », « d’être sur un nuage », « de jouer comme dans un rêve », « d’être en pilote automatique », « d’état de grâce »…