Chacun d’entre nous peut connaître la transition professionnelle. Mais comment l’appréhender et la gérer facilement ? Eléments de réponse avec Isabelle Reboul, art-thérapeute et spécialiste des transitions.

TRANSITIONS ET TRANSITION PROFESSIONNELLE

Bouger, changer, muter fait aujourd’hui partie de la vie professionnelle et semble évident. Mais il n’est pas dit que sur le plan psychologique cette évidence soit aussi bien intégrée que dans les faits.  Plusieurs types de transitions dans le cadre professionnel peuvent provoquer des difficultés aussi bien sur le plan individuel que sur le plan collectif. Pour les individus, comme pour les équipes et les managers toute transition représente un défi.  Si on ne prend pas le temps  d’en tenir compte et de s’y arrêter, cela risque, comme pour les personnes qui vivent des transitions, de générer du mal-être, de la souffrance au travail et une moins grande efficacité.

LES TRANSITIONS : C’EST AUSSI RECONNAÎTRE LES PERTES, ACCEPTER LES FINS 

Toute transition commence par une perte, par une fin. Or, des pertes et des fins il en existe beaucoup dans le monde du travail : restrictions d’effectifs, restructurations, mutations, promotions, départ d’un collaborateur pour cause de mutation, maladie, retraite ou mort, réintégration dans une équipe d’un collaborateur après un congé de maternité ou parental, une longue maladie ou un accident, accueil dans l’équipe d’un collaborateur handicapé, changement de responsables : ces situations conduisent à la fin d’une situation connue et génèrent de l’insécurité.

Or pour que cette fin puisse déboucher sur une suite porteuse et constructive, il est important de la reconnaître et de reconnaître aussi le mal-être et le stress qu’elle engendre.

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UNE ÉQUIPE TOUT ENTIÈRE PEUT SOUFFRIR D’UNE PERTE

Ainsi, une équipe qui se retrouve du jour au lendemain privée de son manager, mort subitement, vit une souffrance d’une violence d’autant plus grande qu’il n’existe ni lieu ni temps pour exprimer la tristesse, la peur, la perte de repères et de sécurité, la confusion produites par cette situation. Les membres de cette équipe vont assumer le travail en prenant sur eux, mais le non-dit enferme chacun dans une forme de solitude. Obligés de puiser dans leurs ressources personnelles, les membres de l’équipe s’épuisent. Cela provoque une perte d’énergie et d’efficacité qui, à terme, peut mettre le service tout entier en difficulté. Ce qui aurait pu, par le simple fait d’être reconnu, exprimé et transformé, devenir l’occasion d’une solidarité et d’une coopération renouvelées, vient au contraire faire obstacle à la bonne marche des individus et de l’équipe ou du service.

FINIR POUR REPARTIR

Prendre le temps de reconnaître et d’exprimer la perte, se donner la possibilité de clore  une réalité qui n’existe plus et de transformer ce qui est arrivé, permet de retrouver du bien-être individuel et collectif et de se re-constituer comme équipe après un traumatisme, un changement important, une perte.

La créativité favorise l’expression. A travers une réalisation collective ou individuelle, chacun traduit dans la matière (peinture, terre, collage etc) ce qu’il vit, ce qu’il ressent et qu’il ne peut pas forcément dire avec des mots. L’observation commune de la réalisation permet de prendre du recul, d’identifier ce qui est jeu, de prendre conscience de ce qui est en train de se terminer et de l’accepter.

Enfin, la transformation de la création contribue à transformer la situation douloureuse en un terreau fertile. Cette étape permet d’intégrer des manières d’être individuelles ou collectives originales, d’accueillir la nouvelle réalité et de favoriser la cohésion, la coopération, la synergie. Elle engage chacun et l’équipe toute entière, dans un processus de transformation dynamique, génératrice de bien-être et d’efficacité.

Article rédigé par Isabelle Reboul, labélisée ODBI, art-thérapeute

Son site internet : http://www.passerailes.fr/