Quel lien de parenté ai-je avec cette personne ? Sommes-nous du même sang ou bien faisons-nous partie de la même famille ? Ces questions anodines sont souvent traitées et illustrées avec un arbre généalogique. Cependant, il arrive que la famille soit un peu plus compliquée que cela et non, stratifiée de manière simple et facile à reproduire. Les liens qui relient une personne à une autre peuvent prendre plusieurs formes selon les circonstances et les événements survenant dans sa vie. Parfois, il est nécessaire d’aller un peu plus en profondeur, de décrire cette petite flèche qui nous relie à nos parents ou bien à nos enfants ou encore à nos cousins germains. Recourir au domaine de la psychogénéalogie pour mieux connaître ses racines devient alors incontournable. On fera appel alors au génosociogramme. Un mot qui ramène ainsi à la généalogie, à la sociologie, à la société en tant que communauté, et au gramme en tant qu’unité de mesure.

QU’EST-CE QUE LE GÉNOSOCIOGRAMME ?

Mais qu’est-ce qu’un génosociogramme selon vous ? Peut-être est-ce un arbre généalogique, un arbre qui représente les liens filiaux entre individus. L’arbre généalogique est souvent utilisé pour connaître des informations basiques sur les liens de parenté. Par exemple, qui sont mes arrière-grands-parents ? Avec qui ne puis-je pas me marier à cause de notre lien de sang ? Juste un schéma personnel et simpliste montrant la parentèle des individus. Tandis que le génosociogramme rajoute un autre élément important à ce dernier. Il y met ainsi en relation trois éléments essentiels : la mémoire en prenant tout ce que notre cerveau a emmagasiné comme informations sur les individus sans faire des recherches ; les événements marquants de la vie avec les dates et la nature des relations qu’on entretient avec les autres membres de la famille ;  et le contexte affectif avec les liens sociométriques.

D’après les travaux d’une psychologue française également thérapeute et professeur émérite à l’université de Nice Sophia Antipolis, Anne Ancelin Schützenberger, le génosociogramme est l’extension du génogramme. Ce dernier est une représentation graphique détaillée de l’arbre généalogique. Il apporte plus de précision sur la nature des relations entre les membres d’une famille : informations biomédicales et informations psychogénéalogiques. Anne y illustre deux points principaux : son concept sur le syndrome d’anniversaire et le fait que la transmission des personnalités de chacun ne vient pas forcément et directement de notre père et de notre mère. Elle met en avant sa théorie affirmant que ce qui constitue le caractère de l’individu résulte également de son histoire familiale. Sur plusieurs générations, les « fantômes dans le placard », « les non-dits », « les secrets de famille » et « les conflits non résolus » de nos aïeux ont un impact majeur sur notre existence, sur notre présent. En d’autres termes, tout ce qui s’est produit dans le passé peut resurgir et se répéter sur plusieurs décennies à des dates significatives.

Dans son livre intitulé Aïe mes Aïeux, Anne Ancelin Schützenberger affirme : « ce qui est important, c’est la façon dont l’auteur de cet arbre « fantasmatique » perçoit les personnages et les liens qui les unissent et qui le lient à ses ascendants et collatéraux et à leurs rôles. Ce sont même parfois les blancs, les trous de mémoire de la famille qui en disent long et ce qui a été « rayé » de la mémoire familiale. »

Cet arbre fantasmatique expose les descendants et les ancêtres d’une famille en remontant autant que possible dans le temps, qu’ils soient ou non liés par le sang. Leurs relations déterminent les transmissions au niveau des évènements et de la personnalité des individus.

C’est ainsi que le génosociagramme permettra d’analyser les archives familiales et de détecter les transmissions et les conséquences possibles engendrées sur les générations futures.

En résumé, le génosociogramme permet de présenter les événements qui se sont répétés et qui sont susceptibles de se répéter comme les accidents, les non-dits, le syndrome d’anniversaire, les mythes familiaux, les conflits et les rancœurs irrésolus, les deuils non-résolus.

COMMENT UTILISER UN GÉNOSOCIOGRAMME ?

Pour le réaliser, le principe est simple. Dans un premier temps, il faudra effectuer un génosociogramme de mémoire sur de grands papiers, c’est-à-dire, un recensement de toutes les données que nos mémoires ont retenues. Ensuite, il sera nécessaire de procéder à une enquête sur la généalogie de la famille. Consulter les archives et documents officiels comme les registres familiaux, les actes sur quatre à sept générations ultérieures.

Au fil de sa réalisation, on assemblera les associations de pensées et les réactions émotionnelles de toutes les personnes qui ont participé.

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Les personnages de la famille et les personnages contextuels sont représentés par des symboles simples. Par exemple, les hommes par un carré, les femmes par des cercles. Puis on rajoute les liens et la qualité de leurs relations entre les membres de la famille en noir ; les événements et les liens positifs en vert ; les liens négatifs et les événements extrêmement importants ou dramatiques en rouge.

On y marquera également les dates comme les mariages, les naissances, les décès, les déracinements ou  les émigrations ; les faits importants dans le placard de la famille comme les professions, les séparations, les remariages, les maladies et les accidents, les déménagements, les traumatismes, les incendies, les catastrophes, les décès prématurés, etc. et enfin les liens affectifs entre les membres de la famille.

POURQUOI LE GÉNOSOCIOGRAMME ?

Généralement, sa réalisation apporte plus de connaissances sur la vie et l’histoire de la famille de l’individu. Ceci dit, elle en apprend également plus sur soi et sur les événements pouvant changer le cours de son existence.

Le génosociogramme aide dans l’anticipation de fâcheux événements comme ceux cités quelques lignes auparavant. Il nous propose un meilleur champ de vision pour l’avenir et grâce à cela, on évite d’être emprisonné inconsciemment dans une boucle de répétitions.

Le génosociogramme est donc un outil d’aide car il dévoile les traumatismes qui se sont répétés et les fantômes de sa famille. Connaitre son passé ou le passé de sa famille, ici, permet de connaitre son avenir, ou tout du moins, d’en tenir les rênes.

Etant un excellent moyen dans l’organisation d’une enquête psychogénéalogique, c’est-à-dire une enquête qui prend en compte les bonnes questions à poser, les personnes pouvant détenir d’importants souvenirs sur l’histoire de la famille.

Ainsi, il apportera un champ communicationnel plus élargi et plus rapproché au sein de la cellule familiale. Cela est favorisé par la connaissance des événements importants qui offre un plus grand choix de sujets entre enfants et parents. Cela complètera également la mémoire de l’individu sur les pièces manquantes de l’histoire de ses ancêtres et des idées divergentes ou convergentes. Ce ne sera plus qu’une question de renforcements ou  de créations de liens.

La construction d’un génosociogramme est une démarche de base en psychogénéalogie. Il vise aussi à approfondir l’origine et le sens des liens entre générations ; des liens intergénérationnels qui amèneront les individus à établir une relation entre vie de famille, social, historique familial et professionnel. Et des liens transgénérationnels qui inciteront l’individu à déterrer les secrets de famille, à connaître sa généalogie plus en détails et son histoire de famille mise et remise dans différents contextes pour supprimer certains traumatismes de l’individu.

C’est pour ainsi dire retrouver une justice dans la vie de famille.