En 2003, Tim Howard intègre l’équipe de Manchester United. Il succède ainsi à Fabien Barthez dans les buts. Réaction des tabloïds d’outre-Manche : ils ont esquissé un sourire qui en disait long. Ils se demandaient comment un joueur issu des Metro Stars de New York dans un championnat mineur aux États-Unis pouvait s’imposer chez les Red Devils. Surtout que Tim Howards était victime du syndrome de la Tourette. Les médias anglais n’ont pas mâché leurs mots sur ce dernier. « Retardé », disaient-ils.

LE SYNDROME DE LA TOURETTE : UNE MALADIE RARE ET HANDICAPANTE

Cet international américain de trente-cinq ans a rapidement fait taire les critiques. En effet, en 2004, il a pu se tailler une bonne réputation à la première saison avec Manchester United. Après avoir remporté la FA CUP, il prit place dans le onze idéal de l’année. Cet exploit est considérable, voire miraculeux, puisque depuis l’âge de six ans, Tim Howard lutte contre une maladie : la maladie de Gilles de la Tourette. C’est un trouble neurologique héréditaire qui se caractérise par les tics moteurs ou vocaux. Tim Howard confie que c’était l’enfer, le chaos total avec ses tics entre neuf et quinze ans. Le pire était qu’au moment où il commençait à comprendre le fonctionnement d’un de ses tics et à le dominer, un autre apparaissait. Cela n’était pas évident pourtant, il n’a jamais mis en doute ses capacités à devenir un champion du ballon rond. Sur la pelouse verte ou sur n’importe quel stade, c’était le seul endroit où ses tics ne lui pourrissaient pas l’existence. Il arrivait à dominer tout  problème de concentration. Il était le Tim Howard qui mettait le ballon dans le filet, qui tapait d’incroyables homes-run au baseball.

« Lorsque je m’entraîne ou pendant un match, je peux développer une contraction de l’un de mes bras, de mon cou ou de mes yeux. C’est en général très soudain. » Assure-t-il.

LA FORCE DU MENTAL FACE À LA MALADIE

Cependant, ce tableau rose et entouré de roses ne pouvait durer éternellement. Sa volonté, plus forte que celle du monde ne pouvait empêcher et retenir les symptômes de cette triste maladie, surtout durant un match important. Tim Howard explique que lors de ses entrainements, il lui arrivait de contracter l’un de ses bras, son cou et ses yeux sans qu’il ne s’y attende. C’est généralement très soudain et incontrôlable affirme-t-il. Ce joueur à plusieurs handicaps est un homme très porté sur la religion et participa activement aux innombrables actions pour les enfants dans le cadre de la lutte contre la maladie. Revenant sur ses tics, il confie lors d’un entretien accordé à Der Spiegel que ces désagréments surgissent en permanence sauf lorsqu’il est engagé dans une parade. Sa mentalité à toute épreuve et sa passion pour le football, le syndrome de la Tourette n’a d’autres choix que de se taire et retourner dans son trou.

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Effectivement, lorsque les choses deviennent sérieuses devant le but, le joueur américain affirme avec conviction que ses tics disparaissent et qu’il est totalement maitre de tous les muscles de son corps. Ce phénomène étrange, ce miracle éphémère, ce fait inexplicable, nul n’a réussi à trouver une logique. Ni la personne en question, ni les médecins, ni les spécialistes. Tim Howard suppose tout bonnement que lorsqu’il a le ballon sous les pieds, sa concentration devient si intense qu’elle dépasse sa maladie. L’actuel portier d’Everton affirme que devant ce syndrome, il n’a jamais laissé le ballon lui filé entre les jambes vers le camp adverse. Il insiste en disant « cela n’arrivera jamais ».

Ses coéquipiers pourront compter sur ce géant de 1m 91 pour offrir à la sélection US une troisième participation à un quart de finale de Coupe du monde. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le mental de Tim Howard l’emporte souvent sur sa maladie.